De l’esquisse au mouvement

Extirpé du passé, l’oiseau-girafe du futur esquisse ses premiers gestes.

En 2015 paraissait Demain, Les Animaux du Futur (Boulay/Steyer, Belin-Paris).
Alors que j’esquissais en 3D cet étrange animal, j’imaginais, comme toujours lorsque je crée, sa biomécanique et la manière dont il pourrait évoluer dans son environnement.

Les premières esquisses numériques remontent à 2006/2007, réalisées avec les versions 2.0 et 2.5 de ZBrush (!). À l’époque, et pour un artiste seul, les limites techniques rendaient impossible l’animation d’une telle création. Il fallait des ressources matérielles, logicielles et des connaissances que je n’avais pas encore. L’animal est donc resté figé, suspendu dans une attente silencieuse.

Aujourd’hui, les processus assistés par intelligence artificielle me permettent de réveiller ces concepts restés en sommeil. Cette modeste animation me permet de renouer avec ce désir intime de transformer une idée en mouvement, un croquis en présence, un concept en expérience sensible et immersive.

Au-delà de l’aspect technique, il s’agit d’une exploration du lien entre art et science. En donnant vie à ces formes imaginaires, je cherche à interroger notre rapport au vivant ou comment penser l’évolution autrement ? Quelles formes pourrait-elle développer dans le futur ? et, quelles émotions ces spéculations éveillent-elles en nous ?

Ces expérimentations visuelles ne sont pas des réponses définitives, mais des hypothèses sensibles. Elles invitent à la curiosité, à la réflexion, et rappellent la fragilité de la biodiversité actuelle face à la richesse des possibles que recèle encore le vivant.

Cette démarche s’inscrit dans la continuité de mes projets en cours. XénoBiologia, La Nature du Futur prolonge cette recherche sous la forme d’un atlas imaginaire des formes de vie à venir, tandis que Carnets de Voyages Stellaires propose une immersion narrative et visuelle dans des mondes inédits, entre exploration scientifique et rêverie poétique.

De l’esquisse au mouvement, il ne s’agit pas simplement d’animer un animal du futur, mais d’ouvrir une fenêtre sur l’imagination cadrée. Cet espace fragile et précieux où l’art et la science dialoguent pour inventer d’autres façons de voir, penser et ressentir le vivant.